Nous sommes déjà à la 11e édition du séminaire international du CADTM sur la dette et les droits humains. Cela fait déjà plus de 20 ans que le CADTM travaille sur la dette des pays du Sud. Aujourd’hui, la donne a changé puisque nous nous trouvons dans une situation où la dette est devenue un problème touchant l’ensemble de la planète.
Au Sud d’abord, où les peuples subissent depuis presque 30 ans les effets des programmes d’ajustement structurel (PAS), des recommandations des Institutions financières internationales (IFI) et, d’une manière générale, les politiques néolibérales imposées par les institutions économiques mondiales et les puissances impérialistes. Ces États du Sud, piégés, n’arrivent toujours pas à sortir du cercle vicieux de la dette parce que la dette demeure un mécanisme de domination et d’exploitation. La dette constitue également un outil qui permet le transfert d’une immense richesse des peuples du Sud vers les exploiteurs du Nord.
Ensuite, nous sommes dans un nouveau contexte où le fléau de la dette s’est généralisé et touche également les États du Nord qui sont frappés par une grande crise de l’endettement public. Cette crise des dettes souveraines résulte notamment des sauvetages bancaires et plus largement de la poursuite de politiques fiscales bénéficiant aux plus riches.
Et c’est au nom de cette dette illégitime que les gouvernements mettent en place des plans d’austérité au Nord (en Europe) dont la recette est la même que les PAS appliqués au Sud : privatisations, dérégulations, régressions des droits sociaux dont les droits syndicaux, etc.
Cependant, la résistance s’organise. Grâce au travail que le CADTM et d’autres mouvements sociaux ont abattu, on peut constater plusieurs avancées sur le plan politique même si le chemin de la lutte semble encore long :
A ces textes s’ajoutent des rapports et textes des institutions internationales (ONU, CNUCED…) comme :
On peut également retenir des principes directeurs dégagés par l’Expert des Nations Unis que :
En d’autres termes, nous avons intérêt à utiliser ces principes directeurs et, d’une manière générale, ces résolutions comme références dans notre combat contre le système dette. C’est en s’appuyant sur ces textes juridiques qu’on pourra changer quelque chose.
Mais il faudra aussi s’appuyer sur les arguments juridiques avancés tels que :
Ces arguments sont des outils sur lesquels on peut se baser dans notre stratégie de mener des audits citoyens de la dette afin de déterminer la part illégitime, odieuse ou illégale.
Les exemples concrets de la Grèce et de la Tunisie montrent clairement que la dette reste un outil de domination et d’exploitation et porte atteinte à la souveraineté des Etats. La lutte doit continuer par tous les moyens dont nous disposons : par l’éducation populaire, les actions de terrain et les différentes formes de dénonciation.
Nous devrons être aux côtés des forces politiques progressistes qui reprennent nos idées (exemple de SYRIZA en Grèce et du Front populaire en Tunisie) et être unis pour rejeter cette dette qui n’est pas la notre. Comme le disait Thomas Sankara : « Nous ne pouvons pas payer cette dette parce que nous ne sommes pas responsables de cette dette »
Les peuples du Sud, comme ceux du Nord doivent lutter pour se réapproprier leurs avenirs.
Par Mimoun Rahmani (ATTAC-CADTM Maroc)
Secrétaire général adjoint d’ATTAC Maroc, est membre d’ATTAC/CADTM Maroc et représentant du Réseau CADTM international au CI du FSM.