Préambule
Le CADTM International est un réseau constitué d’une trentaine d’organisations actives dans plus de 30 pays répartis sur 4 continents
En 1989, « l’appel de la Bastille » est lancé à Paris : il invite toutes les forces populaires du monde à s’unir pour l’annulation immédiate et inconditionnelle de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
des pays dits « en développement ». Cette dette, écrasante, ainsi que les réformes macro-économiques néolibérales imposées au Sud à partir de la crise de la dette de 1982, ont provoqué l’explosion des inégalités, une pauvreté de masse, des injustices criantes et la destruction de l’environnement. C’est en réponse à cet appel, et pour lutter contre la dégradation générale des conditions de vie de la majorité des peuples, que le CADTM est créé en 1990. Aujourd’hui, le CADTM International est un réseau constitué d’une trentaine d’organisations actives dans plus de 30 pays répartis sur 4 continents. Son travail principal, axé sur la problématique de la dette, consiste en la réalisation d’actions et l’élaboration d’alternatives radicales visant l’émergence d’un monde basé sur la souveraineté populaire, la solidarité, la coopération et l’autodétermination des peuples, le respect de la nature, l’égalité, la justice sociale et la paix.
Charte politique
1 – Au Sud
La dette publique (externe et interne) engendre un transfert massif de richesses des peuples du Sud vers les prêteurs, les classes dominantes locales prélevant leur commission au passage. Tant au Nord qu’au Sud de la planète, la dette constitue un mécanisme de transfert des richesses créées par les travailleurs·euses et les petit·e·s producteurs·trices en faveur des capitalistes. L’endettement est utilisé par les prêteurs comme un instrument de domination politique et économique qui instaure une nouvelle forme de colonisation. Malgré leurs innombrables richesses naturelles et humaines, les peuples du Sud sont saignés à blanc. Dans la plupart des pays du Sud, le remboursement de la dette publique représente chaque année une somme supérieure aux dépenses d’éducation, de santé, de développement rural et de création d’emploi. Les initiatives d’allégement de dette de ces dernières années n’ont été que des marchés de dupes d’autant qu’elles ont été assorties de conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
néfastes pour les pays qui en ont « bénéficié ».
2 – L’abolition des dettes illégitimes réclamées aux pays du Sud
L’objectif premier du CADTM est l’abolition immédiate et inconditionnelle de la dette publique du Sud et l’abandon des politiques d’ajustement structurel
L’objectif premier du CADTM est l’abolition immédiate et inconditionnelle de la dette publique du Sud et l’abandon des politiques d’ajustement structurel. Pour atteindre cet objectif, le CADTM International agit pour la réalisation des actions suivantes :
- Impulsion de processus de diffusion, de conscientisation, d’organisation et d’action des peuples endettés.
- Mise en place d’audits de la dette, avec participation citoyenne, ayant pour objectif de répudier toutes les dettes odieuses et illégitimes.
- Décisions unilatérales et souveraines des gouvernements qui déclarent la nullité de la dette publique et stoppent le remboursement de celle-ci.
- Rupture des accords avec le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 188 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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et la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies. En 2011, 187 pays en étaient membres.
Créée en 1944 à Bretton Woods dans le cadre du nouveau système monétaire international, la Banque possède un capital apporté par les pays membres et surtout emprunte sur les marchés internationaux de capitaux. La Banque finance des projets sectoriels, publics ou privés, à destination des pays du Tiers Monde et de l’ex-bloc soviétique. Elle se compose des cinq filiales suivantes :
La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD, 189 membres en 2017) octroie des prêts concernant de grands secteurs d’activité (agriculture et énergie), essentiellement aux pays à revenus intermédiaires.
L’Association internationale pour le développement (AID, ou IDA selon son appellation anglophone, 164 membres en 2003) s’est spécialisée dans l’octroi à très long terme (35 à 40 ans, dont 10 de grâce) de prêts à taux d’intérêt nuls ou très faibles à destination des pays les moins avancés (PMA).
La Société financière internationale (SFI) est la filiale de la Banque qui a en charge le financement d’entreprises ou d’institutions privées du Tiers Monde.
Enfin, le Centre international de règlements des différends relatifs aux investissements (CIRDI) gère les conflits d’intérêts tandis que l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) cherche à favoriser l’investissement dans les PED. Avec l’accroissement de l’endettement, la Banque mondiale a, en accord avec le FMI, développé ses interventions dans une perspective macro-économique. Ainsi la Banque impose-t-elle de plus en plus la mise en place de politiques d’ajustement destinées à équilibrer la balance des paiements des pays lourdement endettés. La Banque ne se prive pas de « conseiller » les pays soumis à la thérapeutique du FMI sur la meilleure façon de réduire les déficits budgétaires, de mobiliser l’épargne interne, d’inciter les investisseurs étrangers à s’installer sur place, de libéraliser les changes et les prix. Enfin, la Banque participe financièrement à ces programmes en accordant aux pays qui suivent cette politique, des prêts d’ajustement structurel depuis 1982.
TYPES DE PRÊTS ACCORDÉS PAR LA BM :
1) Les prêts-projets : prêts classiques pour des centrales thermiques, le secteur pétrolier, les industries forestières, les projets agricoles, barrages, routes, distribution et assainissement de l’eau, etc.
2) Les prêts d’ajustement sectoriel qui s’adressent à un secteur entier d’une économie nationale : énergie, agriculture, industrie, etc.
3) Les prêts à des institutions qui servent à orienter les politiques de certaines institutions vers le commerce extérieur et à ouvrir la voie aux transnationales. Ils financent aussi la privatisation des services publics.
4) Les prêts d’ajustement structurel, censés atténuer la crise de la dette, qui favorisent invariablement une politique néo-libérale.
5) Les prêts pour lutter contre la pauvreté.
Site :
. - Mise en place d’un front uni de pays pour le non-paiement de la dette.
- Reconnaissance de la doctrine de la dette odieuse
Dette odieuse
Selon la doctrine, pour qu’une dette soit odieuse, et donc nulle, elle doit remplir deux conditions :
1) Elle doit avoir été contractée contre les intérêts de la Nation, ou contre les intérêts du Peuple, ou contre les intérêts de l’État.
2) Les créanciers ne peuvent pas démontrer qu’ils ne pouvaient pas savoir que la dette avait été contractée contre les intérêts de la Nation.
Il faut souligner que selon la doctrine de la dette odieuse, la nature du régime ou du gouvernement qui la contracte n’est pas particulièrement importante, puisque ce qui compte, c’est l’utilisation qui est faite de cette dette. Si un gouvernement démocratique s’endette contre l’intérêt de la population, cette dette peut être qualifiée d’odieuse, si elle remplit également la deuxième condition. Par conséquent, contrairement à une version erronée de cette doctrine, la dette odieuse ne concerne pas seulement les régimes dictatoriaux.
(voir : Eric Toussaint, « La Dette odieuse selon Alexander Sack et selon le CADTM » ).
Le père de la doctrine de la dette odieuse, Alexander Nahum Sack, dit clairement que les dettes odieuses peuvent être attribuées à un gouvernement régulier. Sack considère qu’une dette régulièrement contractée par un gouvernement régulier peut être considérée comme incontestablement odieuse... si les deux critères ci-dessus sont remplis.
Il ajoute : « Ces deux points établis, c’est aux créanciers que reviendrait la charge de prouver que les fonds produits par lesdits emprunts avaient été en fait utilisés non pour des besoins odieux, nuisibles à la population de tout ou partie de l’État, mais pour des besoins généraux ou spéciaux de cet État, qui n’offrent pas un caractère odieux ».
Sack a défini un gouvernement régulier comme suit :
« On doit considérer comme gouvernement régulier le pouvoir suprême qui existe effectivement dans les limites d’un territoire déterminé. Que ce pouvoir soit monarchique (absolu ou limité) ou républicain ; qu’il procède de la « grâce de Dieu » ou de la « volonté du peuple » ; qu’il exprime la « volonté du peuple » ou non, du peuple entier ou seulement d’une partie de celui-ci ; qu’il ait été établi légalement ou non, etc., tout cela n’a pas d’importance pour le problème qui nous occupe. »
Donc, il n’y a pas de doute à avoir sur la position de Sack, tous les gouvernements réguliers, qu’ils soient despotiques ou démocratiques, sous différentes variantes, sont susceptibles de contracter des dettes odieuses.
en droit international. - Refus de toute forme de conditionnalités imposées par les prêteurs.
- Rétrocession aux citoyennes et citoyens des pays du Sud des avoirs détournés par les dirigeants corrompus du Sud, avec la complicité des institutions bancaires et des gouvernements.
- Versement sans conditionnalité par les puissances du Nord de réparations au titre de la dette historique, sociale et écologique, accumulée à l’égard des peuples du Sud.
- Actions en justice contre les institutions financières internationales.
- En cas de nationalisation de banques privées en faillite, récupération du coût de l’opération sur le patrimoine des grands actionnaires et des administrateurs.
- Remplacement de la Banque mondiale, du FMI et de l’OMC
OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.
L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».
Site : www.wto.org
par des institutions démocratiques qui mettent la priorité sur la satisfaction des droits humains fondamentaux dans les domaines du financement du développement, du crédit et du commerce international. - Dénonciation de tous les accords (économiques, politiques, militaires, etc.) qui hypothèquent la souveraineté des peuples et perpétuent les mécanismes de la dépendance.

3 – Au Nord
Dans les économies des pays les plus industrialisés, l’endettement public s’est fortement accru en conséquence des multiples sauvetages de grandes banques privées en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. De plus, dans le cadre des politiques néolibérales, d’énormes cadeaux fiscaux ont été octroyés à une infime minorité composée des plus riches et aux grandes entreprises, ce qui a contraint les États à recourir plus fortement à l’endettement public pour combler le manque créé par la réduction des impôts payés par les riches. L’offensive néolibérale qui a amené les États à renoncer à se financer auprès de leurs banques centrales a obligé les pouvoirs publics à s’en remettre au financement octroyé par les banques privées et les marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
, ce qui a augmenté le coût du financement de la dette publique.
L’accumulation de la dette publique et son remboursement agissent au Nord de la planète comme au Sud comme un puissant mécanisme de transfert des richesses produites par le Travail vers le Capital
L’accumulation de la dette publique et son remboursement agissent au Nord de la planète comme au Sud comme un puissant mécanisme de transfert des richesses produites par le Travail vers le Capital.
La dette publique sert de prétexte à la poursuite des politiques de type néolibéral qui réduisent les dépenses sociales et l’investissement public. Cela conduit à la fois à une dégradation des conditions de vie de l’écrasante majorité de la population et à une forte augmentation des inégalités.
Le CADTM se prononce pour l’annulation des dettes publiques illégitimes et considère que les États doivent prendre des actes unilatéraux de restructuration ou de répudiation de leur dette en faveur de la justice sociale. La participation des citoyens et citoyennes à des processus d’audit est un des moyens d’action soutenus par le CADTM.
Depuis le début des années 1970 dans le Sud et 1980 dans le Nord, les classes dominantes érodent les acquis sociaux et les salaires directs et indirects des travailleurs. Par une agressive et continuelle stratégie d’escarmouches, elles extraient de la population une partie toujours plus grande de la valeur produite. Ces attaques contre les acquis sociaux progressistes et civilisateurs gagnés de haute lutte par les travailleurs·euses jusque dans les années 1970, sont injustes, immorales et répréhensibles. Nous n’accepterons jamais que ces reculs imposés par le Capital dans son offensive contre le Travail ne soient pas combattus et annulés. Le CADTM soutiendra ou prendra part à tout mouvement social, organisation et/ou syndicat qui agira pour stopper le démantèlement des acquis sociaux dont sont responsables les classes dominantes, pour reconquérir ce qui a été perdu et étendre la jouissance des droits humains et sociaux fondamentaux dans tous les domaines.

- Le CADTM à la manifestation de Blockupy à Francfort en 2012
4 – Le système des dettes privées illégitimes
Ce système dette a existé bien avant le système capitaliste et s’est renforcé de manière sophistiquée avec le développement du capitalisme. C’est le cas dans la phase néolibérale actuelle qui contraint de plus en plus de ménages, et en particulier les femmes cheffes de ménage, à s’endetter afin d’accéder à des services qui ne sont pas ou plus entièrement assurés par le secteur public alors que leur vocation sociale le commande, tels que l’éducation, la santé, le logement, l’énergie, etc.
Le système des dettes privées illégitimes passe généralement par l’imposition de conditions d’emprunt et de remboursement qui rendent impossibles celui-ci. Cela aboutit à la dépossession et/ou à l’obligation de consacrer de longues années au paiement de la dette
L’endettement privé a été utilisé depuis des millénaires comme un mécanisme de dépossession des paysan·ne·s de leurs terres, de dépossession des artisan·e·s de leurs outils. La mise en esclavage pour dette a sévi dans le monde antique pendant des siècles.
Le système des dettes privées illégitimes passe généralement par l’imposition de conditions d’emprunt et de remboursement qui rendent impossibles celui-ci. Cela aboutit à la dépossession (du logement, de la terre, des outils de travail) et/ou à l’obligation de consacrer de longues années, voire des dizaines d’années au paiement de la dette.
L’extension des contrats précaires et de la sous-traitance sont quelques-unes des mesures prises par les grandes entreprises pour développer à tout prix la compétitivité. Il existe une immense armée de travailleurs·euses précaires, exploité·e·s et sans droits, utilisé·e·s seulement aussi longtemps que nécessaire, en dehors de toute relation de travail stable, sans contrat décent, sans salaire décent, sans congés payés, sans droit aux indemnités de maladie, sans droit de grève.
Pour tou·te·s, le recours à la dette privée devient une nécessité, qui se développe aujourd’hui même dans les économies occidentales les plus riches.
Les luttes contre les dettes privées illégitimes ont traversé les siècles et continuent aujourd’hui, par exemple à travers :
- les luttes de paysan·ne·s pour l’annulation des dettes abusives en Inde ;
- les luttes des ouvriers et ouvrières des briqueteries au Pakistan contre les nouvelles formes d’esclavage pour dettes ;
- les luttes des femmes contre les abus du microcrédit que ce soit au Maroc, au Sri Lanka, en Colombie ou au Bangladesh ;
- les luttes des étudiant·e·s contre le fardeau des dettes étudiantes aux États-Unis, au Chili, au Canada, en Afrique du Sud ou au Royaume-Uni ;
- les luttes des ménages victimes des crédits hypothécaires abusifs et de la financiarisation du logement menant à des expulsions pour dettes impayées en Espagne, aux États-Unis, en Grèce, en Irlande, etc.
5 – Au Nord comme au Sud de la Planète, combattre le système capitaliste qui est déprédateur de la Nature
Il faut combattre le système capitaliste qui, au cours des deux siècles qui se sont écoulés depuis le début de la révolution industrielle, a accumulé dans l’atmosphère ce qui provoque le réchauffement climatique.
C’est un système qui ne considère la Nature que comme une matière à exploiter, à marchandiser et à privatiser pour en tirer un profit maximum.
Le système capitaliste est responsable d’une crise écologique mondiale sans précédent, menaçant la possibilité de la vie elle-même sur notre planète
Un système capitaliste qui cantonne un grand nombre de pays et de peuples qui les habitent à produire pour l’exportation des matières premières, et ce, au prix le plus bas possible.
Un système qui continue à émettre massivement des gaz à effet de serre malgré toutes les promesses faites lors de conférences internationales.
Un système qui pousse les pays et les peuples à cultiver des produits agricoles qu’ils ne consomment pas et à consommer des marchandises qu’ils ne produisent pas.
Un système qui développe des centrales nucléaires pour la fermeture desquelles nous luttons.
Un système capitaliste qui est ainsi responsable d’une crise écologique mondiale sans précédent, menaçant la possibilité de la vie elle-même sur notre planète.
Un système capitaliste qui maintient et renforce l’exploitation et l’oppression des femmes.
Un système capitaliste qui va également de pair avec le système dette.

- Manifestation « Avec les grecs », Bruxelles, 21 juin 2015
6 – L’endettement public légitime devrait financer un vaste programme de rupture écologiste-féministe-socialiste
La dette publique pourrait constituer un instrument de financement d’un vaste programme de transition écologiste-féministe-socialiste, au lieu de servir à imposer des politiques antisociales, patriarcales, extractivistes, productivistes, favorisant la compétition entre les peuples.
La dette publique pourrait constituer un instrument de financement d’un vaste programme de transition écologiste-féministe-socialiste
Les pouvoirs publics peuvent recourir à l’emprunt pour :
- financer la fermeture complète des centrales nucléaires et thermiques ;
- remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables respectueuses de l’environnement ;
- financer une reconversion de l’agriculture actuelle qui contribue de manière importante au changement climatique et qui est une grosse consommatrice d’intrants
Intrants
Éléments entrant dans la production d’un bien. En agriculture, les engrais, pesticides, herbicides sont des intrants destinés à améliorer la production. Pour se procurer les devises nécessaires au remboursement de la dette, les meilleurs intrants sont réservés aux cultures d’exportation, au détriment des cultures vivrières essentielles pour les populations.
chimiques responsables de la baisse de biodiversité. Il s’agit de redonner aux activités agricoles une orientation compatible avec la lutte contre la crise écologique en favorisant notamment les circuits courts et en produisant sur un modèle agro-écologique ;
- réduire radicalement le transport routier et aérien au profit de transports collectifs par voies ferrées ;
- financer un vaste programme de développement d’un habitat pour toutes et tous, abordable, digne et qui respecte les limites écologiques de l’environnement ;
- socialiser les activités de reproduction sociale en développant notamment les services publics gratuits (éducation, santé, culture, etc.).
L’emprunt public est légitime s’il est au service de projets eux-mêmes légitimes et si ceux et celles qui contribuent à l’emprunt le font également de manière légitime.
Un gouvernement populaire n’hésitera pas à obliger les grandes entreprises (nationales ou étrangères) et les ménages les plus riches à contribuer à l’emprunt sans que ceux-ci en retirent avantage, c’est-à-dire à taux zéro et sans compensation pour l’inflation
Inflation
Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison.
.
Simultanément, une grande partie des ménages des classes populaires qui ont une épargne pourront être convaincus d’accepter de confier volontairement celle-ci aux pouvoirs publics afin de financer les projets légitimes mentionnés plus haut. Ce financement sur base volontaire par les couches populaires serait rémunéré à un taux réel positif.
Ce mécanisme serait hautement légitime car il financerait des projets utiles pour la société et parce qu’il permettrait de réduire la richesse des plus riches tout en augmentant les revenus des couches populaires et en sécurisant leur épargne.
7 – L’annulation des dettes illégitimes ne constitue pas une fin en soi
La dette fait partie d’un système qu’il s’agit de combattre dans son ensemble. Simultanément à l’annulation de dette, il est indispensable de mettre en pratique d’autres alternatives radicales
Pour le CADTM, l’annulation de la dette illégitime
Dette illégitime
C’est une dette contractée par les autorités publiques afin de favoriser les intérêts d’une minorité privilégiée.
Comment on détermine une dette illégitime ?
4 moyens d’analyse
* La destination des fonds :
l’utilisation ne profite pas à la population, bénéficie à une personne ou un groupe.
* Les circonstances du contrat :
rapport de force en faveur du créditeur, débiteur mal ou pas informé, peuple pas d’accord.
* Les termes du contrat :
termes abusifs, taux usuraires...
* La conduite des créanciers :
connaissance des créanciers de l’illégitimité du prêt.
ne constitue pas une fin en soi. Il s’agit d’une condition nécessaire, mais non suffisante, pour garantir la satisfaction des droits humains. Il faut donc nécessairement aller au-delà de l’annulation de la dette publique si l’humanité souhaite la réalisation de la justice sociale respectueuse de l’environnement. La dette fait partie d’un système qu’il s’agit de combattre dans son ensemble. Simultanément à l’annulation de dette, il est indispensable de mettre en pratique d’autres alternatives radicales parmi lesquelles :
- Éliminer la faim, la pauvreté et les inégalités.
- Garantir l’autodétermination des femmes comme elles le revendiquent au travers de leurs luttes qui s’inscrivent dans une démarche d’émancipation du système patriarcal, capitaliste, impérialiste et extractiviste.
- Assurer en pratique la fin des inégalités entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la vie, atteinte, entre autres, à travers la discrimination positive et l’éducation populaire.
- Garantir la promotion d’une égalité et d’une liberté réelles entre toutes et tous de manière à réaliser une réorganisation radicale des structures de pouvoir et de représentation.
- Mettre en place une nouvelle discipline financière en restaurant des contrôles stricts sur les mouvements de capitaux et des marchandises, en taxant le capital (taxes globales, impôts sur les grosses fortunes), en levant le secret bancaire, en interdisant les paradis fiscaux
Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.
La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
, la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
et l’usure. - Mettre fin à l’aide publique au développement dans sa forme actuelle car elle est essentiellement un instrument de domination au bénéfice quasi exclusif des pays du Nord et la remplacer par une « Contribution de réparation et de solidarité » inconditionnelle et sous forme de dons, en excluant dans le calcul de celle-ci les annulations de dette et les montants ne servant pas les intérêts des populations du Sud. Cette contribution doit correspondre au moins à 1 % du revenu national brut des pays les plus industrialisés.
- Mettre en place une mobilisation de ressources non génératrices d’endettement.
- Mettre en place des alternatives qui libèrent l’humanité de toutes les formes d’oppression : oppression sociale, oppression patriarcale, oppression néocoloniale, oppression raciale, oppression de caste, oppression politique, oppression culturelle, sexuelle et religieuse.
- Mettre en place une politique écologique radicale qui vise à restabiliser le climat.
- Assurer la souveraineté économique, politique et alimentaire des peuples.
- Interdire le brevetage du vivant.
- Démilitariser intégralement la planète.
- Bannir le nucléaire tant militaire que civil : contrairement à ce qu’affirme la propagande capitaliste, cette énergie, loin d’être une solution pour le climat, représente un grave danger pour la planète, les coûts environnementaux, sanitaires et politiques de son exploitation pour les populations locales sont exorbitants et les déchets radioactifs qu’elle génère -et que nous ne savons pas traiter- est une dette écologique
Dette écologique
La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :
La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.
La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.
Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.
L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.
Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
scandaleuse imposée aux futures générations ; en outre, véritable outil de domination impérialiste, le nucléaire constitue également un des principaux obstacles à un monde de paix. - Garantir le droit de circulation et d’établissement des personnes.
- Affirmer la supériorité des droits humains sur le droit commercial et imposer aux gouvernements, aux institutions financières internationales et aux entreprises le respect de différents instruments internationaux tels que la Déclaration universelle des droits humains (DUDH, 1948), la Convention sur les droits politiques de la femme (1952), le Pacte international sur les Droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC, 1966), le Pacte international sur les droits civils et politiques (PIDCP, 1966), la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, 1981), la Déclaration sur le droit au développement (DDD, 1986), la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (1989) et ses protocoles additionnels ; la Convention relative aux droits des travailleurs migrants et de leurs familles (1990), la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme (1998), la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (2007), la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (2018), le Traité sur les entreprises et les droits humains (2019, en voie de finalisation).
- Assurer la souveraineté des peuples sur leur vie et leur avenir, ce qui implique notamment de mettre dans le domaine public les ressources naturelles, les résultats de la Recherche et Développement, les autres biens communs de l’humanité et les secteurs stratégiques de l’économie comme la production et la distribution d’énergie (afin de combattre la crise écologique), les banques et les assurances (afin de créer un service public du crédit, de l’épargne, de l’investissement et des assurances) et d’autres secteurs d’une importance vitale pour la société.
- Sortir du système capitaliste basé sur la recherche du profit privé maximum, la croissance et l’individualisme afin de construire une société où ce sont les nécessités sociales et environnementales qui sont au cœur des choix politiques.
8 – Le CADTM pour l’auto émancipation des opprimés et des opprimées
Le CADTM International considère que ce sont les peuples eux-mêmes qui devront relever le défi du changement. Ils ne doivent pas être libérés, ils doivent se libérer eux-mêmes.
Pour parvenir à ces changements et réaliser l’émancipation sociale, le CADTM International considère que ce sont les peuples eux-mêmes qui devront relever le défi du changement. Ils ne doivent pas être libérés, ils doivent se libérer eux-mêmes. Par ailleurs, l’expérience a montré qu’il ne faut pas attendre des minorités privilégiées qu’elles prennent en charge le bien-être des populations. Comme l’affirme l’Appel de la Bastille de 1989, « seule la solidarité des peuples peut briser le pouvoir de l’impérialisme économique. Cette solidarité ne signifie en aucun cas un soutien à ceux des régimes qui parachèvent la misère de leur pays, étouffent la voix et les droits des peuples ». Le renforcement des mouvements sociaux est une priorité pour le CADTM. Il participe, dans une perspective internationaliste, à la construction d’un large mouvement populaire, conscient, critique et mobilisé. Convaincu de la nécessité de faire converger les luttes émancipatrices, le CADTM International soutient toutes les organisations et coalitions qui agissent pour l’égalité, la liberté, la dignité, la justice sociale, la préservation de la nature et la paix. Le CADTM collabore avec toutes les structures et mouvements luttant contre les violences, le harcèlement, et toutes discriminations faites aux femmes, aux personnes LGBTQI+ et toutes les minorités opprimées.